ET SI ... LE PARTI NAZI AVAIT ECHOUE EN 1932-1933

L'Excellente revue HISTORIA de Juillet-août 2020 consacre son numéro hebdomadaire à des dossiers historiques avec pour hypothèse "et si ...".

Et si ... Les Russes avaient été les premiers sur la Lune. Et si ... La France était devenue protestante. Ou encore Et si ... Napoléon l'avait emporté à Waterloo ... etc ...

Le dossier Et si ... Le parti Nazi avait échoué en 1932-1933 réalisé par Johann Chapoutot a plus particulièrement attiré mon attention et je vous en livre quelques extraits.

Nacht und nebel - Jean Ferrat - déc 1963
Nuit et brouillard évoque pour Jean Ferrat un drame personnel et douloureux, la disparition de son père, juif émigré de Russie en 1905 , arrêté au camp de Drancy, avant d'être déporté en 1942 à Auschwitz, où il meurt le mois suivant. Jean Ferrat avait 12 ans

"Le nazisme offre sans doute les plus nombreuses interrogations contrefactuelles, comme en témoignent l'abondance des uchronies liées à cette période mais aussi les interrogations des historiens, des journalistes, des artistes et de tout un chacun sur les désastres qu'il a pprovoqués : que se serait-il passé si Hitler n'était pas arrivé au pouvoir ? Si les Français avaient réagi à la remilitarisation de la Rhénanie en 1936 ? Si le Führer avait été assassiné en 1938 ?

Ces questions sont d'autant plus compréhensibles qu'elles expriment notre frustration et compensent notre incompréhension face à la brutalité et à la violence de ces nazis qui, en premier lieu, auraient tout aussi bien pu ne pas parvenir au pouvoir. La question porte en effet, d'abord avant tout, sur l'année 1933, et elle est même un cas d'école. Concevoir le 30 janvier comme une "prise de pouvoir" inévitable revient à oublier la complexité des événements et des enchaînements, des calculs et des paris qui ont permis à Hitler de devenir chancelier et induit une lecture de l'histoire allemande tout entière – "tout menait à Hitler" – qui est hautement contestable. ...

... Les nazis parlent héroïquement de "prise du pouvoir", ... mais ils n'ont rien pris : le pouvoir, on le leur a donné sur un plateau – "on", c'est à dire une alliance puissante de conservateurs du "bloc bourgeois", de quelques miitaires, d'industriels et de financiers qui, en toute conscience, ont estimé devoir faire le pari d'Adolf Hitler pour conjurer cette révolution communiste qu'ils redoutaient tant et qui, à leurs yeux, était le premier des dangers qui menaçaient l'Allemagne. ...

Spoliation d'oeuvres d'art par les nazis

... Rien n'était écrit et tout aurait pu être différent si ... Si les gauches avaient fait alliance. Les gauches, c'est à dire les partis de la "coalition de Weimar" : le SPD, le Zentrum (centre catholique) et le DDP (parti démocratique allemand). Lors des dernières élections législatives avant le 30 janvier 1933, en novembre 1932, cette coalition de Weimar représente 37,4 % des voix. Ajoutons-y le KPD (parti communiste allemand) 17 %, et on obtient donc une majorité de près de 55 % au Reichstag, donc un gouvernement puissant et stable face aux nazis 33 % et au parti de droite nationaliste DNVP 8%. ...

... L'opposition entre KPD et SPD était si forte que la gauche allemande, la plus ancienne et la plus puissante au monde, a été balayée, puis déruite, par les nazis. ...

... Les communistes allemands traitaient les sociaux-démocrates de "sociaux-traîtres" et les socialistes étaient prêts à tout pour barrer la route à Hitler sans jamais s'allier aux communistes. ..."

Nous connaissons le résultat : extermination de plusieurs millions de juifs, spoliation et destruction d'oeuvres d'art, environ cinquante millions de morts, des années de terreur ...

L'histoire doit nous apprendre à réfléchir.